par Bérengère
Je remarque de par ma propre expérience mais aussi en observant le monde, que nous nous nourrissons de notre plaisir à souffrir. Que cette démarche soit consciente ou inconsciente, elle nous est transmise et nous la perdurons, nous la transmettons, comme un acte légitime d’existence.
Dans notre société, quantité d’humains se définissent par leur souffrance ou leur maladie. chérissant et dorlotant ce qui les habite comme un trophée bien gagné. C’est comme si nous avions seulement la possibilité de nous reconnaitre à travers nos failles et non à travers qui nous sommes. Nous avons pris ce fonctionnement comme normal et nous le répétons à l’infini.
Qui JE SUIS ne se définira jamais par des mots, ni par des MAUX, mais par mes actions à me créer !
les façon de se présenter aux autres sont frappantes et en disent long sur nous :
– « Bonjour, je suis la femme de Jacques »
Ha bon, vous n’avez pas de prénom? mais c’est quelque chose que l’on fait tout le temps ! Lorsque vous présentez quelqu’un aux autres, souvent vous dites « Je vous présente ma maman, ou mon conjoint ou mon fils etc… » mais alors que doit on répondre? « Bonjour maman? »
Je me souviens d’un jour où entre un couple dans mon cabinet et la femme s’assoie et me dit : « Hoooo je ne suis que douleurs! » (Je vois Monsieur qui regarde sa femme en soupirant, ce qui m’interroge…) puis elle enchaîne sur « Hooooo mais je sais très bien que vous ne ferez pas de miracle, vous ne pouvez rien pour moi !!! » et elle a dit cette phrase avec un tel aplomb, une telle fierté !
A présent, sa façon d’exister aux yeux de son mari était dans la souffrance, elle était définie par elle.
C’est la première fois que j’ai répondu : « Et bien puisque vous avez décidé que vous ne guérirez pas et que vous semblez aimer souffrir alors en effet je ne peux rien pour vous et vous pouvez repartir »
Ca les a suffisamment choqués pour que je puisse leur expliquer le fonctionnement qu’ils avaient mis en place.
On se crée un rôle avec ses douleurs ou ses traumatismes qui deviennent pervers avec le temps. Interrogeons nous vraiment sur notre relation avec notre passé ou notre maladie et soyons pleinement honnêtes afin d’en changer notre regard.
Un jour que je travaillais sur un de mes traumatismes d’enfance, j’ai compris que je chérissais plus que tout cet événement difficile. Il était ma médaille pour exister dans ce monde, je pouvais le porter en moi comme un trophée : « J’ai vécu ça, moi, je suis vivante et fière car j’ai une grosse souffrance, je suis importante, elle est grosse ma cicatrice, on va me respecter maintenant »
Maintenant que je suis détachée de cet événement je peux le voir comme cela et c’était exactement ce qui s’exprimait de ma volonté à m’accrocher à ce trauma. Lorsque j’étais empêtrée dedans, je n’utilisais pas les même mots, je me plaignais.
Les gros traumatismes et les grosses maladies sont le passeport pour la plainte.
Alors bien sûr, j’essayais d’exprimer ma souffrance, mon désarroi, mon impuissance à changer les choses et je vivais dans le passé. Le seul endroit où je me sentais vivante. C’était un moyen de fuite du présent, ressasser le passé me permettait de fuir le présent et la responsabilité de ma créer à chaque instant. C’était plus confortable pour moi de me définir à travers cet événement douloureux que d’accepter de ne pas savoir qui je suis au quotidien et de m’expérimenter sans jugement.
J’entendais bien tous les conseils pour lâcher prise, accepter, utiliser ‘énergie de se traumatisme pour grandir etc… mais soyons honnête, je n’en avais pas du tout envie ! parce que c’était mon doudou ce trauma, c’était connu, vécu, réconfortant, moelleux et chaud. Douloureux mais c’était presque jouissif de souffrir et de voir les autres impuissants face à ma douleur. et cela devient une habitude, un fonctionnement.
Pour ma part ce trauma justifiait tout dans ma vie, ma fatigue, mes échecs, mes renoncements, c’était très pratique ! Et on me cédait tout, on m’accordait du temps, des regards compatissants. Un jour j’ai pris conscience que c’était un jeu, une excuse, quelque chose de vécu dans ma chair mais de malsain et j’ai simplement choisi d’arrêter.
Je n’ai pas fait 20 ans de thérapie ou essayé 150 techniques de libération karmique ou énergétique ou spirituelles, non, j’ai seulement décidé, choisi, affirmé que STOP !
Je choisi de lâcher ce passé pour regarder mon présent et jouer avec mon présent plutôt de jouer de mon passé. J’arrête de me plaindre et je deviens vivante, je me libère l’âme.
Se plaindre vient du latin plangere qui veut dire « se lamenter » : se l’âme hanter !
Voilà exactement ce qui arrive lorsqu’on vit pour et par ses traumatismes ou sa maladie, on hante son âme qui ne peut plus s’exprimer. On n’écoute plus, on ne voit plus, on n’entend plus la mélodie de l’univers.
Pourquoi fait-on cela est une vraie question à se poser. Pourquoi est-ce que je continu à entretenir cette souffrance? Elle ne vient pas toute seule se rappeler à nous, nous la rappelons, nous entretenons, nous jouons avec. pourquoi? pour qui? dans quel but?
Répondre à ces questions sans jugement est important. Car il n’y a rien de grave dans tout cela. On a le droit d’entretenir la souffrance si on le souhaite, mais comprenons au moins pourquoi le faire?
Parce que je veux faire payer quelque chose à ma mère… parce que lorsque je souffre on me regarde, j’existe… parce que je crois que je fais parti des gens importants si j’ai cette blessure, comme de faire parti d’un clan… parce que j’ai peur de grandir et de me responsabiliser… parce que j’ai peur qu’on ne m’aime plus si tout va bien, de ne plus exister… etc… etc…
Vous pouvez mettre des mots, mais vous pouvez aussi seulement choisir de changer, ici, maintenant, tout de suite. Et plus tard, de demander la compréhension de ce qui se jouait là.
Pour moi ça a fonctionné ainsi, j’ai choisi de vivre ici et maintenant, j’ai accepté mon passé comme étant mon expérience et comme étant une force pour construire chaque jour qui je suis et ce n’est qu’une fois cette acceptation et ce choix fait que j’ai compris qu’avant de choisir d’être responsable de la façon de créer ma vie, j’aimais passionnément ma souffrance et que je jouais un jeu pervers.
Le vrai courage c’est de changer.
Love les Luz
Bérengère